Communications scientifiques

Nous publions ici (par ordre de date) quelques résumés d'articles scientifiques

Sécurité cardiaque chez les patients AVF utilisant de très forts dosages de vérapamil (plus de 720mg par jour).

Résumé de l'étude coordonnée par: M. Lanteri-Minet, F. Silhol, V. Piano et A. Donnet, dont les résultats sont parus dans: «Journal of headache pain», publication online le 22 janvier 2011.

Le vérapamil est un des principaux médicaments utilisés comme traitement de fond dans l'algie vasculaire de la face (AVF) en Europe. Bien que les mécanismes exacts responsables de son action sur l'AVF soient mal connus, on sait qu'il permet la relaxation des fibres musculaires lisses vasculaires en bloquant l'entrée de courants calciques dans les cellules musculaires lisses(1), entraînant une baisse des résistances vasculaires périphériques et coronaires. La dose utilisée dans l'AVF est environ deux fois supérieure à celle utilisée dans les maladies cardiaques parce que la cible de son action dans ce cas est au-delà de la barrière hématoencéphalique (barrière sang/cerveau qui protège ce dernier des infections et des toxines potentielles). Le vérapamil est reflué hors du cerveau par la glycoprotéine P (une molécule localisée sur la membrane de certaines cellules qui en rejette des hormones et des médicaments), d'où la nécessité d'utiliser une dose forte. Elle commence à 360 mg par jour et peut être augmentée selon les besoins jusqu'à plus de 1200 mg.

L'utilisation de fortes doses de vérapamil dans le traitement de l'AVF est limitée par sa toxicité cardiaque. La sécurité cardiaque des patients qui en prennent beaucoup est systématiquement contrôlée. L'étude dont les résultats sont relatés ici a été réalisée dans les centres antimigraineux de Nice et de Marseille de fin 2005 à fin 2008. Elle a suivi les changements dans les enregistrements de l'activité cardiaque et les effets secondaires de patients AVF traités avec des doses supérieures à 720mg de vérapamil par jour. Parmi 200 patients AVF, 29 (14.8%) prenaient du vérapamil à très haute dose (877 +/- 227 mg/jour).

L'incidence des changements observés dans l'ECG était de 38% (11/29). Sept (24%) patients présentaient de la bradycardie (moins de 60 battements par minutes), évènement considéré comme non pathologique/dangereux pour leur santé (END) et 4 (14%) patients présentaient de l'arythmie (bloc cardiaque) considérée comme évènement potentiellement dangereux (EPD). Chez ces derniers, deux étaient asymptomatiques, deux étaient asthéniques (fatigue) dont un présentait en plus de la dyspnée (troubles de la respiration). Les patients avec des changements dans leur ECG (1,003 +/- 295 mg/jour) prenaient des doses plus fortes que ceux sans changement d'ECG (800 +/- 143 mg/jour), mais les doses étaient similaires chez les patients avec EPD (990 +/- 316 mg/jour) et celles avec END (1,011 +/- 309 mg/jour). Les trois quarts des accidents cardiaques, tant bradycardie qu'arythmie sont apparus retardés dans le temps (délai à partir de la prise de la dose max de vérapamil supérieur à 2 ans).

Ces travaux confirment le besoin d'un ECG systématique chez les patients AVF traités avec du vérapamil. Ces contrôles de la sécurité cardiaque doivent être continués chez les patients qui utilisent du vérapamil à forte dose, même en l'absence d'accidents cardiaques pendant une longue période.

(1) par l'inhibition de canaux calciques voltage dépendant de type L.